Quand le mercredi était jeudi .....
Il fut un temps , que la plupart d'entre-vous n'ont pas connu , où on n'allait pas à l'école le jeudi.
Pas de télé , pas de console de jeux, pas de téléphone portable . Mais vous deviez vous ennuyer diront certains! Mais non, absolument pas .
Le matin nous allions au catéchisme , j'étais très régulièrement virée de la séance parce que je voulais que l'on réponde à mes questions autre chose que " parce que c'est un mystère ". Quel intérêt peut bien avoir un mystère si on sait qu'on ne saura jamais. La punition , qui n'en a jamais été une pour moi , c'était que je devais aller ramasser des fleurs pour l'église. J'étais enchantée de cueillir des brassées de pivoines que je humais longuement avant de les rapporter au curé qui m'annonçait une fois de plus que je devrais aller me confesser.
Je me suis toujours demandé pourquoi, puisqu'il savait exactement ce que j'avais fait . Mais bon , je l'aimais bien le curé Thomas , et je me faisais un plaisir d'ajouter quelques péchés à ma liste pour lui faire plaisir .
La sanction , toujours la même , suivie de l'absolution m'amusait plus qu'elle m'ennuyait.
L'après-midi , c'était patronage. Même scénario tous les jeudis. Prière , répétition des cantiques , un petit film de propagande coloniale dont le gentil petit héros s'appelait Bamboula et qui finissait toujours bien.
Goûter , une tasse de lait avec un pain au chocolat . Je troquais sans vergogne ma tasse de lait chaud contre la gourde de limonade de mon amie Claudine ( je déteste l'odeur du lait chaud). Et enfin venait l'ouvroir pour les filles : marquoir, couture rabattue, couture anglaise , ourlet à jours, surjet , surtout suivre le modèle , pas de place pour la fantaisie dans un cours aussi sérieux . Je faisais toujours de trop longues aiguillées , mon fil s'emmêlait et cassait , des aiguillées de paresseuse disait la Demoiselle de patronage.
A la fin du cours pour me venger j'allais coudre avec mon arrière Grand-Mère Pauline qui me laissait broder ce que je voulais et m'apprenais ce petit refrain lorsque je piquais mon doigt
" entre, entre petite aiguille et apprends moi mon métier"
Mon arrière Grand-Mère maternelle Pauline une femme extraordinaire, ma Grand-mère paternelle Suzanne , comédienne à la scène et à la ville , mes frères et moi. Raides mes cheveux ????
Non !!!!! Droits !!!